Viva la vida! Frida, entre douleur et couleur

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Viva la vida! Frida dessin Frida coloré
Frida

Holà ! Je m’appelle, Magdalena Carmen Frida Kahlo Calderón, mais vous pouvez m’appeler Frida !

Vous m’avez sans doute déjà croisée sur la toile sous de multiples représentations… non ?

Mais n’est-ce pas réducteur de représenter une personne uniquement par ses traits physiques?

Je l’admets, mon style est décalé, mais je l’assume pleinement ! En plus, si vous saviez d’où je viens, il ne serait pas si étrange et folklorique que vous le pensez.

Cela vous plairait-il qu’au lieu de s’intéresser à votre personnalité, on vous définisse par vos lunettes rouges et vos boucles blondes ?

Je ne pense pas, alors moi, non plus !

Avec le recul, je me demande même, sans prétention, si je ne suis pas en train de devenir une icône ou un avatar pour être à l’air du numérique et surtout un atout marketing !

Mais me connaissez-vous vraiment ? Vous êtes-vous déjà demandé qui se cachait derrière cette caricature ?

Et bien, je vais vous le dire !

Je suis avant tout, une femme comme les autres

Au départ, j’étais une jeune Mexicaine lambda. Ce n’est qu’au fur et à mesure des années que j’ai décidé d’assumer mes origines et d’adopter le style mexicain, haut en couleur !

Ma famille

Je suis la fille de Wilhelm, (Guillermo en espagnol) Khalo, photographe et de Matilde Calderon, artiste peintre.

J’ai trois sœurs : Mathilde, Cristina et Adriana.

Je suis née le 6 juillet 1907 à Mexico city juste avant la révolution mexicaine!

Nous sommes tous des artistes dans la famille bien que pour ma part, au début, je voulais être médecin mais le destin en a décidé autrement.


Ma jeunesse: de belles années qui ont été gâchées

À l’âge de six ans, j’ai développé la polio, c’était la faute à pas de chance mais cela m’a valu des moqueries car ma jambe droite est devenue plus courte. On me surnommait « Frida la coja », signifiant « Frida la boiteuse » Ce qui a renforcé mon caractère bien trempé et ma ténacité dans les études. J’ai parfois été renvoyée de l’école au grand désespoir de mon père mais cela ne m’a pas empêché de commencer de hautes études

À mes 18 ans, j’ai intégré l’Ecole préparatoire afin d’entamer les sciences naturelles pour devenir médecin mais, coup du sort alors que j’étais dans le bus qui me ramenait de l’école, un tram l’a percuté violement et je me suis retrouvée grièvement blessée : diverses fractures dont une m’empêchant d’avoir des enfants et des lésions  à la moelle épinière.

Résultat : clouée au lit pendant plusieurs mois, je me suis mise à la peinture qui jusque là n’était qu’un hobby.

Maman m’avais même fais faire un chevalet sur mesure et fait installer un miroir au plafond. J’ai donc tout naturellement commencé à me prendre comme modèle étant seule la plupart du temps. De là sont nés mes autoportraits…

Je vous présente le tout premier de mes tableaux. C’est moi dans une robe en velours. N’y voyez pas de narcissisme. Je me trouve trop mince, mes sourcils sont trop épais et par-dessus tout, j’ai de la moustache ! Bref, je ne suis pas un canon de beauté, mais je me peins comme je suis au naturel et je suis fondamentalement sincère !

Viva la vida! Frida
Autoportrait, la robe de velours (1926)

À l’aube de mes 21 ans, j’ai l’âme revendicative !

Trois ans plus tard, je recouvre ma mobilité et je commence à reprendre ma vie sociale. Je m’inscris dans un parti politique qui correspond à mes convictions qui sont la défense d’une justice sociale et la promotion de la culture mexicaine.

Je crée aussi un groupe avec des amies les « Cachuchas » (casquettes de base-ball) qui milite pour l’émancipation et l’égalité des femmes. Rejetant ainsi les valeurs patriarcales et machistes du Mexique de l’époque.

Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet, car c’est une autre histoire.

Et puis un jour, je rencontre l’amour !

Un peu plus tard, je rencontre mon futur mari, Diego Rivera qui est muraliste. En d’autres termes, artiste peintre spécialiste dans les fresques murales.

Il est l’homme idéal malgré notre différence d’âge et de poids. Certains, nous surnommaient par méchanceté, la colombe et l’éléphant. Cela nous était bien égal !

Frida et Diego

Nous partagions deux passions : l’art et la politique. Nous nous qualifions à l’époque de couple fusionnel et nous nous admirions mutuellement.

Mais comme dans tous les couples, même les plus solides, nous avions des hauts et des bas et malgré l’amour que nous nous portions, nous avons fait des écarts chacun de notre côté. Cela nous a poussés à divorcer et puis à nous remarier, deux ans plus tard.

Que voulez-vous le cœur à ses raisons que la raison ignore !

Mes maisons

J’ai vécu quasiment toute ma vie dans la maison familiale, la « Casa azul » qui est devenue aujourd’hui mon musée. Quelle chance ! vous ne trouvez pas ? 

Ensuite,  Diego et moi avons décidé de faire construire une demeure plus fonctionnelle pour nos ateliers et surtout correspondant  à notre couple : « Uni par le mariage, mais indépendant dans la vie » : la « Maison atelier ».

Personnellement, j’ai hérité de la petite bâtisse bleue et mon mari, de la rose. Et pour se retrouver l’un chez l’autre quand nous en avions envie, il nous suffisait de traverser la passerelle.

C’est certain, pour l’époque, nous avions une conception assez  moderne de la vie de couple !

Forcée d’abandonner mon rêve, je me suis découverte une vocation qui est devenue mon métier

J’ai consacré ma vie entière à la peinture afin de soigner mes blessures physiques et psychiques comme vous le savez. J’ai peint des centaines d’œuvres et j’ai eu le privilège de les exposer dans le monde entier, ce qui a construit ma réputation d’artiste mondialement connue.

Les critiques d’arts, qualifiaient mes toiles de surréalistes. J’étais vivement opposée à cette analyse.

Comme j’aimais le dire: « Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais peint de rêves. Ce que j’ai représenté était ma réalité ».

Je souhaitais que les gens voient dans mes toiles, ce que je voulais montrer, mes autobiographies. N’ayant pas ma langue dans la poche, j’ai même écrit à un ami proche sous le coup de la colère: « Je préférerais m’asseoir par terre dans le marché de Toluca pour vendre des tortillas que d’avoir quoi que ce soit à voir avec ces connards d’artistes parisiens ». 

Fort heureusement pour moi, les parisiens ne sont pas rancuniers car mon tableau « El marco » fut acheté par un parisien et pas le moindre…

Première œuvre mexicaine à être achetée par le célèbre Musée du Louvre à Paris

Viva la vida! Frida
El marco (1938)

Cependant, je tiens à vous expliquer pourquoi, je défends corps et âmes mes peintures. Elles étaient un exutoire pour moi.

J’ai souffert au moment de les réaliser dans tous les sens du terme.

Le collier d’épines a été peint quand ma relation avec Diego battait de l’aile. Le collier symbolise la couronne d’épines dans la tradition chrétienne.

Le petit colibri noir, mort qui y pend avec des ailes déployées, signifie la fin de mon mariage. Sur mes épaules, le chat noir, symbolise le mauvais sort. Quant au singe, c’est celui que Diego m’a offert.

Le singe a l’air indifférent comme Diego envers moi!

Si vous regardez bien, vous verrez que j’ai dessiné une note d’espoir avec les papillons qui s’envolent vers un destin moins obscur, je l’espère.

L’autre tableau, je l’ai créé pour représenter mes différentes opérations dont celles de la colonne vertébrale. J’en ai subi 7 au total. Je suis retenue par un corset, tellement la vie m’a abimée et j’en ai besoin pour me tenir debout et avancer.

Et vous voyez tous ces clous, ils représentent mes nombreuses blessures. Dont la plus importante pour moi, celle du cœur et de l’âme, c’est pour cette raison qu’il est plus gros que les autres.

Sur ce tableau, je pleure car mon horizon, ma perspective d’avenir sont arides et désolés.

Ma leçon de vie : Viva la vida !

Viva la vida! 

Cette devise je l’ai écrite dans mon journal intime pour vous  aider à comprendre ma relation avec la vie et la mort. Ma vie a été marquée par la souffrance et la douleur, tant physique qu’émotionnelle, mais j’ai eu  le courage et la force d’âme de continuer jusqu’à mon dernier souffle. Ce n’est pas pour rien que lors de ma dernière exposition, amputée de la jambe et à bout de force, je suis arrivée en ambulance dans une civière pour tirer ma révérence avant une délivrance toute proche !

En plus d’être ma dernière toile…

Viva la vida! Frida
Viva la vida (1954)

Cette nature morte regorge de vie ! Les pastèques fraîches peintes dans des couleurs vives et la chaire rouge  et pulpeuse  célèbrent la fertilité du patrimoine mexicain et  sont une célèbre offrande lors de la fête du jour des Morts.

C’est aussi le titre d’un album de Coldplay et une superbe chanson que je vous propose d’écouter et de réécouter en boucle afin de vous donner du baume au cœur. 

Le groupe s’est inspiré de ma toile après avoir vu la phrase inscrite dessus. C’est ce qu’aurait confié, le leader Chris Martin à Rolling Stone…

Je me suis toujours moquée de la mort, mais jamais de la vie!

C’est sans doute dû à mes croyances et à  nos traditions mexicaines qui ne voient pas la mort comme une fin en soi. Pour découvrir notre célèbre « El Día de los Muertos », très bien racontée, je vous invite à lire le Roman « Regarde vers toi… » que vous pouvez acheter dans toutes les bonnes librairies.

Et pour terminer, quelques anecdotes

En 2010, Mattel a sorti une Barbie à mon effigie… oui une Barbie ! Ma famille a vu rouge, car elle ne ressemblait pas du tout à ce que j’étais et encore moins à ce que je voulais représenter ou plutôt ne pas représenter. Elle a intenté un procès à la firme qui a dû immédiatement en arrêter la commercialisation au Mexique, mais pas ailleurs…

Et en 2018, quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai découvert que j’apparaissais sur les nouveaux billets de 500 pesos ! Waouh ! Soit disant pour me rendre hommage en tant que figure nationale.

Frida

Et vous savez le meilleur ?

Devinez qui est sur l’autre face de ce billet… Mon cher époux, Diego, si !

Liés à la vie, à la mort !

Les amis, j’aurais encore tellement à vous raconter…

Mais je sens le souffle de la vie me quitter… Nous sommes le 13 juillet 1954, je venais de fêter mes 47 ans et j’ai juste eu le temps d’écrire cette dernière phrase dans mon journal intime : « J’espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir ! » Frida

Pour en savoir plus à mon sujet

Un des films qui m’est dédicacé. Il y en a beaucoup d’autres…

Une partie de ma bibliographie 


Pour rendre hommage à cette femme courageuse et inspirante

Nous avons décidé d’éditer un collector de notre Roman ! 

Viva la vida! Frida

Gracias Frida pour cette belle leçon de vie  et Viva la vida!

Pour devenir quelque chose et faire quelque chose, il faut être quelqu’un.

Alexandra David-Neel

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